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    Bien vivre l'allaitement est un livre écrit par Madeleine Allard et Annie Desrochers. Il est publié chez Hurtubise. Pour joindre les auteures
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Banque de lait : suspension des actvités

Hema

Après à peine neuf mois d’activités, l’émission J.E a appris que la banque de lait publique d’Héma-Québec est à l’arrêt depuis décembre.

Ses laboratoires ont connu de multiples bris d’équipement. De plus, elle éprouve des difficultés avec son approvisionnement. Ainsi, 40% du lait a dû être détruit. Le reportage nous apprend aussi que 564 donneuses de lait sont qualifiées par Héma-Québec et qu’il y a eu 1780 unités de distribuées depuis son ouverture.

La relance de la Banque de lait ne se fera pas avant la fin du printemps, selon le reportage de J.E.

On peut dire qu’il s’agit d’une déception. La revendication d’une banque de lait québécoise se faisait depuis plusieurs années et elle était attendue par de nombreux parents et spécialistes de la santé.

Avant Noël, le magazine indépendant PlanèteF abordait la question des limites de cette banque de lait, avec des critères assez restrictifs.

Petite histoire des banques de lait

Depuis toujours, les femmes ont donné leur lait aux bébés qui ne pouvaient pas être allaités par leur propres mères. On les appelait les nourrices. Suite à la révolution industrielle, il devenait de plus en plus difficile d’avoir accès aux nourrices et c’est ainsi que l’idée de stocker du lait humain a fait son chemin.

La première banque de lait a ouvert ses portes à Vienne en 1909. En Amérique, c’est à Boston que s’installera la première banque, dans les années 1910. Au Canada en 1934, la survie des célèbres jumelles Dionne est dû en bonne partie aux dons de lait humain en provenance de Chicago, de Toronto puis de Montréal. Il y aura au Canada jusqu’à 22 banques de lait en opération.

Les banques de lait connaîtront une période de déclin qui culminera dans les années 1980. Deux facteurs sont responsables de ces nombreuses fermeture: le marketing agressif des compagnies de préparations pour nourrisson et l’épidémie du VIH/SIDA.

En Amérique du Nord à la fin des années 1980, il ne restera que huit ou neuf banques de lait. Au pays, seule la banque de Vancouver restera ouverte.

Cependant, grâce aux protocoles de dépistage et à différents tests, on peut de nouveau garantir l’innocuité du lait humain. La recherche a montré qu’il s’agit d’un aliment aux qualités inégalées dans les soins aux bébés nés avant terme ou plus fragiles, d’où le regain d’intérêt pour le stockage et la distribution de lait maternel.

À l’heure actuelle, on compte en Europe 186 banques de lait et 13 en Amérique du Nord. Le Brésil détient tous les records avec 187 banques en opération sur son territoire. Si l’on enlève celle de Montréal, trois banques de lait sont pour le moment en opération au Canada: Vancouver, Calgary et Toronto.

Banque de lait : suspension des activités

Hema

Après à peine neuf mois d’activités, l’émission J.E a appris que la banque de lait publique d’Héma-Québec est à l’arrêt depuis décembre.

Ses laboratoires ont connu de multiples bris d’équipement. De plus, elle éprouve des difficultés avec son approvisionnement. Ainsi, 40% du lait a dû être détruit.

La relance de la Banque de lait ne se fera pas avant la fin printemps, selon le reportage de J.E.

On peut dire qu’il s’agit d’une déception. La revendication d’un banque de lait québécoise se faisait depuis plusieurs années et elle était attendu par de nombreux parents et spécialistes de la santé.

Avant Noël, le magazine indépendant PlanèteF abordait la question des limites de cette banque de lait, avec des critères assez restrictifs.

Petite histoire des banques de lait

Depuis toujours, les femmes ont donné leur lait aux bébés qui ne pouvaient pas être allaités par leur propres mères. On les appelait les nourrices. Suite à la révolution industrielle, il devenait de plus en plus difficile d’avoir accès aux nourrices et c’est ainsi que l’idée de stocker du lait humain a fait son chemin.

La première banque de lait a ouvert ses portes à Vienne en 1909. En Amérique, c’est à Boston que s’installera la première banque, dans les années 1910. Au Canada en 1934, la survie des célèbres jumelles Dionne est dû en bonne partie aux dons de lait humain en provenance de Chicago, de Toronto puis de Montréal. Il y aura au Canada jusqu’à 22 banques de lait en opération.

Les banques de lait connaîtront une période de déclin qui culminera dans les années 1980. Deux facteurs sont responsables de ces nombreuses fermeture: le marketing agressif des compagnies de préparations pour nourrisson et l’épidémie du VIH/SIDA.

En Amérique du Nord à la fin des années 1980, il ne restera que huit ou neuf banques de lait. Au pays, seule la banque de Vancouver restera ouverte.

Cependant, grâce aux protocoles de dépistage et à différents tests, on peut de nouveau garantir l’innocuité du lait humain.

À l’heure actuelle, on compte en Europe 186 banques de lait et 13 en Amérique du Nord. Le Brésil détient tous les records avec 187 banques en opération sur son territoire. Si l’on enlève celle de Montréal, quatre banques de lait sont pour le moment en opération au Canada: Vancouver, Calgary et Toronto.

Non, l’âge moyen du sevrage dans le monde n’est pas de 4,2 ans.

Depuis quelques jours, cette photo apparaît sans cesse dans notre fil Facebook. Vous l’avez vu?

Sevrage

« L’âge moyen du sevrage est de 3 mois aux États-Unis alors qu’il est de 4,2 ans dans le monde. (source : National Association for Child Development/OMS) »

Notre sceptico-mètre se met à vibrer à très fort…

Première question : d’où viennent ces chiffres?

Ils viennent de la National Association for Child Developement (NACD), qui se présente sur son site comme étant « une organisation internationale de parents et de professionnels qui se consacrent à aider les enfants et les adultes à atteindre leur plein potentiel. » Mouais.

Premier constat, cet organisme ne s’occupe pas d’allaitement, ni d’ethnographie d’ailleurs, qui est l’étude terrain des moeurs de populations déterminées.

On trouve bien sur leur site internet un article mentionnant l’âge du sevrage dans le monde. Ce n’est même pas le sujet principal de l’article. En fait, on y trouve qu’une seule phrase : celle reprise sur la photo. Aucune référence, aucune note de bas de page, aucun hyperlien renvoyant à d’autres sources.

… le sceptico-mètre vient de gravir quelques échelons de plus.

L’image cite également l’OMS comme source. Alors nous avons cherché sur les sites en français et en anglais de l’Organisation mondiale de la Santé. Nous n’avons trouvé aucun texte qui fait référence à un âge moyen du sevrage qui serait de 4,2 ans dans le monde et de 3 mois aux États-Unis.

En fait, l’OMS ne s’intéresse même pas au sevrage à proprement parler. Dans ses directives, elle indique que « l’allaitement exclusif est recommandé jusqu’à six mois. De six mois à deux ans, voire plus, l’allaitement doit être complété par une autre alimentation ». Elle ne parle aucunement d’un âge où un enfant devrait être sevré.

Finalement, avez-vous remarqué le logo en bas, à droite? HLNTV.com. Ce site se décrit comme étant un réseau de télévision national qui se concentre sur les « histoires du jour à ne pas manquer ». HLNTV, peut-on lire, « dissèque et démystifie l’actualité dont les gens parlent ». AHAHAH!

Néanmoins, existe-t-il un âge moyen du sevrage?

Rappelons ce qu’est une moyenne : il s’agit d’une quantité obtenue en additionnant toutes les quantités données et en divisant ce total par le nombre de quantités.

Ainsi, pour obtenir  un « âge moyen de sevrage dans le monde », il faudrait obtenir l’âge du sevrage de tous les enfants de chaque pays du monde et diviser ce nombre par le nombre total d’enfants de tous les pays. [AJOUT: on nous fait remarquer sur Twitter que des moyennes s’obtiennent (aussi) à partir d’échantillons de population. Vrai. Cela ne change rien à l’argumentaire : dans bien des pays du monde, ces échantillons seraient impossibles à obtenir ou peu fiables. Et si d’aventure ils l’étaient… eh bien lire le reste du texte.]

Outre le fait qu’il est loin d’être acquis de pouvoir obtenir des données aussi précises, arrêtons-nous un moment sur ce chiffre « moyen » de 4,2 ans.

Pour arriver à une *moyenne* de 4 ans, il faut des enfants sevrés avant 4 ans – et il faut aussi tout un tas d’enfants sevrés APRÈS 4 ans!

Bien sûr, il existe des enfants allaités jusqu’à 5 ans et plus… Mais il en aurait assez dans le monde pour contre-balancer tous les enfants qui sont sevrés avant 3 mois? Entre 9 et 12 mois? Ou même à deux ans? Il y a tant de pays sur la planète où l’allaitement dépasse 4 ans?

Allez, pensez à un pays.

N’importe lequel. Là où l’allaitement normal des enfants dépasserait 4 ans. L’Inde? Âge du sevrage : 2-3 ans. La Guinée-Bissau? Durée d’allaitement moyenne : 22,6 mois. Les Philippines, tiens! 14 à 17 mois. La Chine? 8,7 mois en zone urbaine. Nigeria : 28 mois. Cameroun : 18 mois. Oh, il y a bien le Bengladesh où on allaite longtemps : 31 mois.

Là, c’est clair, le sceptico-mètre vient d’exploser.

Mais alors, d’où vient ce fameux chiffre de 4,2 ans?

Selon ce qu’on a pu vérifier, ce chiffre s’est trouvé dans le livre de la réputée médecin Ruth Lawrence « A Guide for the Medical Professional« . Pendant des années, la version de ce guide mentionnait le chiffre de 4,2 ans comme âge moyen du sevrage dans le monde.

Ah, tu vois, je te l’avais dit!

… Cependant, elle non plus n’apporte aucune référence pour appuyer cet énoncé.

Ce chiffre de 4,2 ans se retrouve aussi dans un texte de l’anthropologue Kathy Dettwyler. Anecdote. Lorsque l’on écrivait Bien vivre l’allaitement, on se régalait des écrits de Dettwyler. Elle nous a ouvert tout un champ de réflexion. C’est donc un bonheur de se replonger dans un de ses textes.

Elle écrit (traduction libre) :

Nous entendons souvent que l’âge moyen du sevrage serait de 4,2 ans mais ce chiffre n’est ni juste, ni pertinent. Une analyse de 64 études faites avant les années 1940 montre un âge médian du sevrage d’environ 2,8 ans. Dans certaines sociétés, la durée de l’allaitement était beaucoup plus courte et dans d’autres, plus longue. Statistiquement, l’âge moyen du sevrage est une donnée qui ne veut rien dire considérant le grand nombre d’enfants qui ne sont pas allaités du tout ou que quelques jours.

Oh Kathy! M.e.r.c.i.

Il peut être fascinant de s’intéresser aux autres cultures d’allaitement et de connaître les durées d’allaitement à travers le monde. On en apprend sur d’autres façons de faire, on compare des données, les met en contexte. On s’ouvre ainsi sur des différentes expériences sociales, politiques, historiques.

Ne nous leurrons pas, il n’est pas question de ça ici. Nous voici devant une image de propagande. On utilise de fausses données et on leur donne un sceau d’approbation en leur accolant le nom d’organismes nébuleux ou très connus, le tout sur fond de photo cute.

Au-delà de la méthode (maladroite dans le meilleur des cas, malhonnête dans le pire), il est intéressant de se demander quel message envoie ce procédé à celles qui le reçoivent.

Certainement un message d’incompétence pour celles qui n’ont pas allaité ou qui ne l’ont pas fait très longtemps. Un message d’anormalité pour celles qui n’allaiteront pas *au moins* jusqu’à 4,2 ans. Nous voici également devant une image des États-Unis qui seraient à ce point hors du monde (pourtant, il existe toute une culture et une foisonnante littérature de « l’allaitement prolongé » aux États-Unis).

En somme, nous voici placées devant une image sans nuance, désincarnée, qui ne tient compte d’aucune spécificité culturelle, sociale ou politique. Meaningless, comme l’écrivait Kathy.

Par contre, cette photo peut certainement apaiser les femmes qui allaitent pendant des années. Il est compréhensible qu’elles choisissent de la relayer dans leurs réseaux. Sur Facebook, quelques mères la commentaient d’ailleurs de façon touchante avec cette idée : « enfin, je suis reconnue comme une personne normale ». En effet. Les mères qui allaitent très longtemps, qu’elles soient aux États-Unis ou ailleurs soit dit en passant déplorent toutes sortes de préjugés et de discrimination envers elles et leur enfant. Ces comportements sont inacceptables et ces mères doivent se sentir accueillies dans leur communauté.

Nous soutenons cependant avec toutes nos forces qu’elles méritent de l’être avec autre chose que des statistiques bidons qui circulent sur les réseaux sociaux. En fait, toutes les femmes méritent mieux.

Mary Ann Cahill, la pionnière (1927 – 2014)

Les fondatrices de LLL. Mary Ann Cahill est la 3e à partir de la gauche.

Les fondatrices de LLL. Mary Ann Cahill est la 3e à partir de la gauche.

Son nom n’a pas fait la manchette et en cherchant sur internet, on trouvera peu d’informations sur Mary Ann Cahill, décédée il y a quelques jours. Pourtant, il s’agit bel et bien d’un pionnière qui mérite sa place dans l’histoire.

En 1956 en Illinois, avec six autres femmes, Mme Cahill aidait à la fondation de La ligue La Leche. Ces femmes avaient allaité leurs enfants et remarquaient qu’il était difficile d’obtenir de l’information claire et juste sur le sujet. C’est ainsi qu’elles organisèrent un premier pique-nique en collaboration avec leur église afin de réunir des femmes ayant envie de partager leurs connaissances et expériences.

Les rencontres se sont rapidement multipliées dans leurs résidence, puis dans les églises, les centres communautaires et les hôpitaux. Centrée sur l’allaitement, la philosophie du groupe s’est ensuite transposée au maternage.

À la fondation de La ligue La Leche, le taux d’allaitement aux États-Unis n’était que de 20%.

La première section de La Leche à l’extérieur des États-Unis a vu le jour à Jonquière en 1960, grâce à Martha Larouche et Barbara Pitre. Aujourd’hui, La ligue est présente dans 68 pays.

Mary Ann Cahill a eu 11 enfants, 20 petits-enfants et comptait à sa mort 15 arrière-petits-enfants. Sa foi catholique ainsi que La Leche ont été les causes de sa vie. Mme Cahill est morte paisiblement à l’âge de 87 ans le 26 octobre dernier.

Les fondatrices de LLL en 2006, lors du 50e anniversaire de l'organisme.

Les fondatrices de LLL en 2006, lors du 50e anniversaire de l’organisme.

Salles d’allaitement et pères

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À quoi servent réellement les salles d’allaitement? Faciliter le soin des enfants? Offrir un espace à l’abris des regards pour les femmes qui allaitent? Dans ce contexte, quelle place pour les pères? Après tout, eux aussi prennent soin des bébés…

Un beau sujet à réflexion en ce mois d’août.

Une lectrice nous écrit pour partager l’histoire qui est arrivée à une connaissance. Avec son accord, nous la reproduisons ici.

Une dame est mère de jumeaux allaités, mais aussi d’un bambin, encore aux couches. Lors d’une sortie dans un centre d’achat, elle décide d’utiliser la salle d’allaitement avec son conjoint pour allaiter les jumeaux et changer son plus vieux.

Une autre femme arrive et constatant la présence du père, elle avise le gardien de sécurité. Les hommes n’ont pas le droit d’être dans cette salle, c’est d’ailleurs inscrit sur la porte. Le père doit quitter les lieux.

La mère de jumeaux est découragée. On comprend qu’avec un bambin et un allaitement de jumeaux, ça devient vraiment une histoire de couple. Le père a un rôle essentiel à jouer dans la réalisation de ces tâches du quotidien. Sans l’apport de celui-ci, est-ce que cette mère est prête à sortir de chez elle avec toute sa petite marmaille?

De son côté, on peut imaginer que la dame qui fait appel au gardien de sécurité utilise la salle d’allaitement parce qu’elle éprouve un malaise réel à allaiter devant les autres, plus particulièrement devant les hommes. Sans une salle d’allaitement, peut-être que cette femme ne sortirait pas. Ou en tout cas, pas avec son bébé allaité. La salle d’allaitement devient un lieu important pour elle.

Évidemment, on dira que tout ce beau monde aurait pu se parler. Le dialogue est le meilleur moyen pour s’ouvrir aux réalités de l’autre et trouver un terrain d’entente. Mais bon, ce n’est pas simple non plus.

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Poussons la réflexion encore plus loin.

Les salles d’allaitement accueillent aussi les femmes qui n’allaitent pas. Est-ce à dire qu’un père seul n’aurait pas le droit de donner le biberon dans cette salle, pas plus que d’utiliser la table à langer pour changer son bébé? Selon les politiques de ces salles d’allaitement, nourrir et changer un bébé seraient donc des tâches qui reviendraient exclusivement aux femmes? Ne sommes-nous pas devant une vision discriminatoire de la parentalité?

Dans un monde où les pères prennent soin de leurs bébés, y aurait-il moyen de faire cohabiter les uns et les autres?

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Cododo: quand l’État entre dans les chambres à coucher

Suite à la publication la semaine dernière d’une autre étude qui souligne les risques pour un parent de dormir avec son bébé, Planète F diffuse cette semaine une analyse en trois temps sur le cododo et le sommeil partagé. Des chroniques où l’histoire, la philosophie, la science et les politiques publiques s’entremêlent afin de mieux comprendre la façon dont est perçue chez nous cette pratique millénaire.

Vous trouverez ici un extrait de la 2e partie et là, la première partie de cette chronique.

« Je crois que c’est une règle sensée de ne pas faire dormir le bébé

dans le lit de ses parents, aucune raison ne le justifie. »

— Dr Spock, 1945

 

« L’État n’a rien à faire dans les chambres à coucher de la nation. »

— Pierre-Elliott Trudeau, 1967

Les nouveau-nés d’à peu près tous les mammifères terrestres dorment près de leur mère. Ils le font parce qu’ils y trouvent les trois éléments dont ils ont besoin pour survivre à leurs premiers jours : chaleur, protection, lait maternel.

Chez l’être humain, jusqu’à l’avènement de la société industrielle, de l’Afrique à l’Arctique et de l’Asie aux Amériques, les femmes ont partagé leur couchette avec leurs bébés. En ce moment même, la majorité des bébés dans le monde dorment avec leur mère, parfois aussi avec leur père ou avec des frères et sœurs.

Évidemment, ce qui a toujours été n’est pas nécessairement meilleur alors inutile de tomber dans l’appel à la tradition. L’objectif n’est pas non plus de démoniser le sommeil séparé au profit de cododo qui serait meilleur parce que « naturel ».

Il s’agit de prendre conscience que nos arrangements de sommeil, tout comme la façon dont on prend soin des bébés, ne relèvent pas du hasard. Ils varient selon les époques, les cultures et les …

… La suite, sur Planète F!

 

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Le cododo, c’est mal!

Suite à la publication la semaine dernière d’une autre étude qui souligne les risques pour un parent de dormir avec son bébé, le magasine indépendant Planète F diffusera cette semaine une analyse en trois temps d’Annie Desrochers sur le co-dodo et le sommeil partagé. Des chroniques où l’histoire, la philosophie, la science et les politiques publiques s’entremêlent afin d’un peu mieux comprendre la façon dont est perçue chez nous cette pratique millénaire. Nous avons convenues que le premier de ces textes serait aussi publié sur Bien vivre l’allaitement.

La science du co-dodo, Schopenhauer et l’art de la controverse

Arthur Schopenhauer, bien qu’il ait probablement partagé le lit de sa mère à sa naissance, ne s’est jamais intéressé au cododo. Ce sont pourtant les écrits du philosophe allemand qui nous viennent en tête lorsque l’on cherche à saisir les condamnations du sommeil partagé.

Dans L’Art d’avoir toujours raison, publié en 1864, Schopenhauer propose des façons de gagner un débat, peu importe si ce que l’on soutien est vrai. Cet art d’avoir toujours raison s’appuie sur la nuance entre les faits d’une proposition et l’apparence de vérité que la proposition peut prendre. “Peu importe si ce que je dis est faux puisque je suis arrivé à faire croire que c’était vrai”, pourrait lancer un grand maître de ce raisonnement.

C’est cette logique, nous allons le voir, qui semble s’appliquer dans le cas de nos perceptions sur le co-dodo.

Les études

La semaine dernière, Pediatrics nous apprenait que le partage du lit serait la principale cause de mort subite des nourrissons. Les conclusions de ces chercheurs américains ne sont pas bien différentes de celles publiées il y a un peu plus d’un an dans le British Medical Journal (BMJ) ou du fameux avis émis en 1999 par le U.S. Consumer Product Safety Commission.

Toutes en viennent à une seule conclusion: les autorités en santé publiques doivent déconseiller le co-dodo afin que les parent évitent de dormir avec leur bébé.

Des données qui laissent à désirer

Le problème avec ses études, qui connaissent invariablement un succès médiatique, est qu’elles comportent, recherche après recherche, d’importants biais méthodologiques.

Nous n’énumérerons pas ici leurs failles, d’autres l’ont fait de façon méticuleuse. Mentionnons simplement ce texte de la doctorante en psychologie Alice Trépanier, celui de la journaliste scientifique Tara Haelle (en anglais) ou encore celui-ci de la blogueuse scientifique Maman éprouvette.

Pour résumer, le principal reproche fait à ces études est de tout mettre dans le même panier. Trop souvent les données recueillies ne permettent pas de faire la différence entre une pratique sécuritaire du sommeil partagé et une situation de cododo à risque.

PlanèteF

1-0 pour Schopenhauer

La blogosphère n’est pas la seule à s’émouvoir des biais méthodologiques de ces études. Des organismes officiels le font aussi. Le NICE (National Institute for Health and Clinical Excellence) est l’organisme responsable d’établir les standards cliniques du système de santé britannique. Tout juste la semaine dernière, il publiait un document consultatif sur le partage du lit. Ce document doit servir à établir de nouvelles recommandations sur le cododo.

Afin d’établir ces nouvelles lignes directrices sur le sommeil partagé, le NICE a passé en revue 16 nouvelles études sur le sujet. Il s’agissait de onze études individuelles et de une méta-analyse faite à partir de 5 études de cas.

Eh bien dans chacun des cas – donc pour chacune de ces 16 études – le comité consultatif du NICE indique qu’il s’agit d’études de “très mauvaise qualité”. Ils prennent même la peine reconnaître noir sur blanc que “les données probantes dans ce domaine sont de moins bonne qualité que ce qui est normalement utilisé pour établir des recommandation officielles”.

Mais, et c’est ici qu’intervient l’entourloupette schopenhaueresque, le NICE ajoute que puisque la mort subite du nourrisson est un problème à ce point sérieux, cela justifie l’utilisation d’études de qualité moindre.

On croit rêver!

La santé publique émet des recommandations officielles sur la façon dont doivent dormir les nourrissons en se basant sur des données dont elle sait qu’elles sont médiocres.

Au fond, la vérité objective sur les risques du partage du lit ne compte plus, seule prime l’apparence de vérité aux yeux du public.

Schopenhauer jubilerait, en terme d’art de la controverse, il ne se fait pas mieux.

Votre lait n’est peut-être pas assez riche…

MilkCount

 

« Peut-être que ton lait n’est pas assez riche? »

Suffit qu’un nouveau-né pleure un peu pour qu’une âme bien intentionnée lance cette phrase qui risque fort de plomber la confiance naissante d’une femme qui allaite.

Ce n’était qu’une question de temps pour que le marketing capitalise cette insécurité. En Grande-Bretagne, une compagnie a mis en marché un kit qui permet de tester le contenu en oméga-3 du lait maternel.

Pour la modique somme de 99£ (environ 180$), une mère peut envoyer un échantillon de son lait et ainsi apprendre si son contenu en oméga-3 est faible, sous-optimal ou optimal.

S’il est trouvé que le lait d’une mère est « sous optimal », on lui offre des trucs pour améliorer sa diète et on l’invite à nouveau, un mois plus tard, à refaire un paiement de 99£ pour un nouveau test.

Un leurre

Les oméga-3 sont des acides gras essentiels qui jouent un rôle important, entre autre dans le développement du cerveau des nourrissons.

Cependant, le fait que le lait d’une femme en contienne peu ou beaucoup n’est tout simplement pas pertinent, et ce pour plusieurs raisons.

Le lait maternel contient des acides gras essentiels, comme il contient une gamme complexe de nombreux autres éléments nutritifs tout aussi essentiels et importants. Pourquoi alors insister ainsi sur les oméga-3 ?

Aussi, le contenu du lait maternel varie au cours de la journée, il varie même au long de la tétée. À quel moment donc, faudra-t-il tester son lait pour être bien certaine d’avoir une portrait exact de son contenu?

Tout cela sans compter sur le fait que la science ne semble pas s’entendre sur ce qui constituerait un niveau adéquat d’oméga-3 pour des nourrissons.

Non seulement ce kit pour tester le lait maternel se base sur des prémisses douteuses mais les conclusions qu’on pourrait en tirer ne s’appuient sur rien de solide.

Une concurrence déloyale

Que des compagnies privée propagent l’idée que le lait des mères puisse ne pas être adéquat pour leur bébé est non seulement choquant mais fait aussi preuve d’un manque flagrant d’éthique.

L’histoire devient carrément scandaleuse lorsqu’on apprend que ce test a été distribué dans des « paquets cadeaux » remis aux mères à la naissance de leur enfant.

En entrevue pour le journal britannique The Guardian, une porte-parole de la compagnie de paquets cadeaux admet même qu’elle a ciblé les mères qui avaient choisi d’allaiter et avait jumelé ce test à une promotion de suppléments vitaminique!

Comme on dit par chez nous, toute est dans toute.

L’allaitement, un choix?

Miner la confiance d’une femme, impliquer que son lait pourrait ne pas convenir à son enfant et le faire en s’appuyant sur des bases douteuses et axées vers le profit est loin de permettre aux mères de faire un choix éclairé quand à l’allaitement ou au non allaitement de leur bébé.

Démarrer un allaitement pour la première fois reste un événement qui doit être protégé et qui comporte ses propres règles. La mère et son bébé ont besoin d’espace, d’ouverture et de respect.

Cette commercialisation douteuse de l’insécurité ne fait rien pour les favoriser.

 

 ** Le site web de la compagnie My Milk Count n’est plus en ligne depuis aujourd’hui. L’histoire est donc à suivre…

L’éditorial qui mélange tout

Allai

La Presse présentait le 1er mai un dossier sur la frénotomie, une intervention qui consiste à sectionner le tissu (frein) qui retient la langue au bas de la bouche.

Un bébé qui a le frein de la langue trop court (ankyloglossie) pourra avoir de la difficulté à téter convenablement. Souvent sa mère aura des blessures importantes aux mamelons. L’ankyloglossie est une affection assez rare, présente chez environ 4% des bébés. Toutefois, selon certains chercheurs, elle se retrouverait chez près de 13% des bébés qui vivent des difficultés d’allaitement.

Par contre, comme le mentionne le dossier de La Presse:

« Ce n’est pas automatiquement parce qu’un bébé a un frein court que ça affecte l’allaitement. Il y a peut-être autre chose qui pose problème : une infection, une mauvaise position. Il faut faire un examen poussé et s’assurer qu’il n’y a vraiment rien d’autre avant d’opter pour ça », prévient la Dre Anjana Srinivasan, codirectrice médicale de la clinique d’allaitement Herzl-Goldfarb de l’Hôpital général juif de Montréal.

En effet, il semble que 25% des enfants présentant une ankyloglossie connaîtront des problèmes au sein contre seulement 3% de ceux qui n’en sont pas affectés.

La dérape

Le dossier de La Presse, bien qu’incomplet et joué avec un certain sensationnalisme, soulevait tout de même des questions intéressantes. Comment diagnostique-t-on l’ankyloglossie? Qui est habileté à le faire? Est-ce que la frénotomie est la seule intervention possible? Quelle est la formation des spécialistes qui pratiquent la section du frein de la langue ou qui soutiennent les mères des bébés qui en sont affectés? Est-il normal de pratiquer cette intervention « à froid » sur des nourrissons? Ces questions mériteraient des réponses claires et basées sur des données probantes.

Là où nous restons incrédules par contre, c’est à la lecture de l’éditorial du Soleil « Mutiler pour allaiter » publié dans l’édition du lundi 5 mai. Un extrait:

«De plus en plus de nouveaux parents font couper une partie de la langue de leur poupon pour faciliter l’allaitement», rapportait la semaine dernière La Presse. Oui, le lait maternel est le meilleur pour le poupon. Mais pas au point d’infliger le coup de ciseau ou de scalpel d’un dentiste ou d’un médecin à son bébé. Allaiter oui, mais pas à n’importe quel prix.

Plusieurs femmes ressentaient déjà une forte pression sociale à donner le sein à leur bébé plutôt qu’un biberon rempli d’une formule commerciale. Avec le recours possible à la frénotomie, cette intervention qui consiste à couper le frein de la langue du bébé pour lui permettre de boire plus aisément et occasionner moins de douleur à la mère, cette pression vient de monter d’un cran.

D’abord, assimiler la frénotomie à une mutiliation est une insulte à l’intelligence. Le terme n’est pas neutre et renvoie à la punition, la torture ou la barbarie que représentent l’infibulation ou l’excision.

Le frein de la langue n’est pas un tissus musculaire, il s’agit d’une partie de la muqueuse buccale jugée sans intérêt médical (réf. Larousse Médical, Wikipédia, Santé médecine).

Ensuite, il est consternant de voir à quel point cet éditorial occulte toute perspective historique ou scientifique sur l’ankyloglossie – une affection connue depuis la nuit des temps et qui est loin de n’avoir des impacts que sur l’allaitement.

En effet, plusieurs auteurs rapportent que déjà au 17e siècle, les sages-femmes avaient l’habitude de garder long l’ongle du petit doigt pour pouvoir sectionner à la naissance les freins de langues des bébés qu’elles aidaient à mettre au monde.

L’ankyloglossie, en plus de gêner la prise du sein – et du biberon dans certains cas – peut aussi causer différent problèmes d’orthodontie et du langage, des problèmes digestifs et des voies respiratoires supérieures, y compris l’apnée du sommeil et les problèmes qui en découlent (réf: Association québécoise des consultantes en lactation diplômées de l’IBLCE).

L’allaitement, toujours coupable

Cette méconnaissance du phénomène dénoncé par l’éditorialiste est en soit affligeante mais ce qui ajoute à l’insulte c’est de faire porter l’odieux du blâme à l’allaitement et aux femmes qui choisissent cette façon de nourrir leur bébé.

Car ne soyons pas dupes, c’est bien ce dont il s’agit. Au lieu de demander de meilleurs critères d’évaluation et une formation optimale afin de soutenir les mères à poursuivre ou non l’allaitement selon leur décision, voilà que l’on blâme ce dernier en imaginant que tout irait tellement mieux si les « petites mamans » ne s’acharnaient pas autant en acceptant de faire mutiler leur nourrisson!

« Allaiter mais pas à tout prix », nous dit Mme Breton. Quel prix doit-on alors fixer au-delà duquel une femme ne devrait plus allaiter?

La frénotomie, qui au dire même de Mme Breton, permettra pourtant au bébé de boire plus aisément et occasionnera moins de douleur à la mère, devient une de ces limites à ne pas franchir. En existe-t-il d’autres?

Merci de nous en informer rapidement question que l’on fasse tous la différence entre les bons allaitements et ceux qui ne devraient pas être, entre ces mères fanatiques et les autres, qui elles, trouveront grâce aux yeux de la société.

Pourquoi est-ce qu’une femme qui prend la décision d’allaiter son bébé et qui décide d’aller chercher de l’aide quand ça ne se passe pas comme prévu devient celle qui s’acharne ou, pire peut-être encore, n’est que la pauvre victime d’une propagande de l’allaitement?

Il faudrait laisser cette mère à un allaitement souffrant? Au moindre petit écueil sur leur route, la seule alternative à proposer aux femmes devient celles des préparations pour nourrissons?

Quid de l’autonomie d’une mère à décider par elle-même comment elle doit prendre soin de son petit? Et si d’aventure ce frein était trop court pour que le bébé boive correctement au biberon, ou développe normalement son langage, est-ce que la frénotomie serait alors moralement acceptable?

À nos yeux, il est tout aussi insoutenable et moralisateur d’enfoncer l’allaitement dans la gorge des femmes que de leur nier toute possibilité de poursuivre un geste qu’elles ont à coeur, soit celui de nourrir de leur corps un bébé qu’elles aiment et qu’elles ont mis au monde.

Toujours le même problème

Depuis plus de dix ans maintenant que nous accompagnons les femmes qui vivent des difficultés d’allaitement.

Nous avons vu des infirmières sans aucune formation en allaitement conseiller la frénotomie au moindre pépin dans le cadre de la porte lors d’une visite à domicile. Nous avons vu des femmes en pleurs avec les seins blessés, laissées à elles-mêmes pendant des semaines sans qu’aucun professionnel de la santé ne pense vérifier la langue de leur bébé. Nous avons vu des diades mère/bébé arriver à un allaitement harmonieux grâce à un soutien discret mais efficace d’une professionnelle. Et nous avons aussi vu des bébés prendre le sein comme des champions après une frénotomie.

Le réel problème, encore une fois, c’est que nous sommes devant une Santé publique qui a fait de l’allaitement une Priorité nationale (1997) mais qui, sur le terrain, est toujours aussi incohérente dans le soutien qu’elle offre aux femmes qui vivent différentes difficultés.

Le fait que le président du Collège des médecins déclare à la radio publique que  » la langue n’est pas l’instrument principal de la tétée, c’est la bouche » n’est que l’illustration flagrante que ce manque de cohérence se trouve jusqu’au sommet de la hiérarchie.

Le scandale dans toute cette histoire, ce n’est surtout pas le fait que des mères tiennent à allaiter leur bébé même lorsqu’elles vivent des difficultés. C’est plutôt que ce système qui fait la promotion de l’allaitement traite les femmes qui vivent des difficultés comme des citoyennes de seconde zone en ne leur offrant pas les services de qualité auxquels elles et leur bébé devraient pourtant avoir droit.

 

En référence:

Protocole clinique n°11: Recommandations pour l’évaluation et la prise en charge de l’ankyloglossie néonatale et de ses complications chez l’enfant et la mère allaitante, Academy of Breatsfeeding Medecine

Les bienfaits de l’allaitement sont-ils surestimés?

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La publication d’une étude américaine fait couler beaucoup d’encre: l’allaitement ne serait pas mieux que le biberon.

Dans cette étude, la sociologue américaine Cynthia Colen prétend que chez deux enfants d’une même famille dont l’un a été nourri au sein et l’autre au biberon, il n’y a pas de différences significatives sur leur santé, à long terme.

Il n’en fallait pas plus pour relancer dans les médias le sempiternel débat sur la question. Ici, l’allaitement n’est pas meilleur que le biberon, là  les bienfaits de l’allaitement ont été « dramatiquement exagérés ».

D’où vient l’information

Ces travaux ont été menés par le département de sociologue de l’université d’état de l’Ohio et financés par le Eunice Kennedy Shriver National Institute of Child Health and Human Development. L’étude a été publiée dans la revue révisée par les pairs Social Science and Medecine.

L’équipe de chercheurs a analysé différentes données de la cohorte National Longitudinal Survey of Youth (NLSY) sur la santé de sujets nés de 1979 à 2006. Elle cherchait à savoir si l’allaitement faisait une différence positive chez les enfants de 4 à 14 ans, une fois différents facteurs socio-économiques pris en compte.

Comme il s’agit d’une étude de cohorte, elle ne peut que démontrer une association entre différents facteurs – et non prouver que l’allaitement était la cause des différences trouvées. La seule manière de prouver la causalité serait de mener des essais cliniques randomisés.

Les résultats

Lorsque les chercheurs ont comparé les enfants allaités avec ceux qui ne l’avaient pas été, ils ont vu que les enfants allaités étaient en meilleure santé – ce qui cadre avec de nombreuses autres études.

Toutefois, l’équipe de Mme Colen s’est ensuite intéressée aux enfants d’une même famille qui avait été nourris de façon différente. C’est dans ce dernier groupe qu’ils se sont aperçus que certains aspects de la santé des enfants d’une même famille ne semblaient pas affectée du fait qu’ils aient été allaités ou non. Dans le cas de l’asthme, ils ont même trouvé une association entre l’allaitement et celui-ci.

Pour les auteurs, ces résultats prouvent que la famille plutôt que l’allaitement détermine la santé à long terme d’un enfant.

Quelques réflexions

  • En regardant cette étude, nous savons peu de choses sur l’allaitement de ces enfants. On indique qu’ils ont en moyenne été allaités pendant 23 semaines. Est-ce qu’il s’agissait d’allaitement exclusif et si oui pendant combien de temps? Est-ce que les enfants allaités ont aussi reçu de la préparation pour nourrisson? Est-ce que les enfants allaités pendant 3 jours ou 2 semaines étaient dans le même groupe que ceux allaités exclusivement pendant six mois? Impossible de répondre à ces questions puisque ce sont des données que les auteurs ignoraient.
  • Cette étude ne remet aucunement en question l’ensemble de la recherche scientifique qui a démontré les bienfaits de l’allaitement. Dans l’ensemble de la cohorte, les enfants qui avaient été allaités étaient en meilleure santé que ceux qui ne l’avaient pas été.
  • Les résultats montrent cependant qu’il n’y avait pas de différence significative entre les membres d’une même fratrie qui ont été allaités et ceux qui ne l’ont pas été. Cela peut être parce que, au niveau individuel, la génétique ou l’environnement ont plus d’influence que l’allaitement sur différents aspects de la santé.
  • L’étude ne prouve pas que l’allaitement cause l’asthme ou que les préparations pour nourrisson le prévient.
  • Certains aspects de la santé des enfants comme les allergies, le diabète ou leur statut immunitaire n’ont pas été pris en compte, autant d’aspects où la recherche a démontré les bienfaits de l’allaitement.
  • Cette étude ne s’intéresse pas non plus aux bienfaits de l’allaitement chez la mère, comme entre autre la réduction des saignements post partum, l’aménorrhée de lactation et la réduction du risque des cancers du sein et des ovaires etc.

Pour toutes ces raisons, il serait faux de prétendre que l’allaitement et le biberon sont « du pareil au même ».

Le droit d’allaiter

L’allaitement est toujours considéré par les grands experts internationaux comme la façon optimale de nourrir un bébé. Les chercheurs doivent pouvoir continuer leur travail librement pour mieux comprendre l’allaitement, la composition du lait humain et ses effets sur la santé des bébés et de leur mère.

La science doit aussi s’intéresser aux effets des préparations pour nourrissons de façon à ce que les bébés qui ne sont pas allaités puissent être nourris de façon sécuritaire.

Depuis longtemps, pour faire la promotion de l’allaitement, le critère le plus souvent mis de l’avant par la santé publique est celui de la santé. Le lait maternel a trop souvent été présenté comme un « alicament » qui rendrait les enfants meilleurs à tout point de vue.

Le lait maternel n’est pas un remède miracle. Il est propre à notre condition de mammifère. C’est un aliment tout simplement produit par le corps des femmes qui enfantent et ces dernières font le choix d’allaiter pour toutes sortes de raisons qui leur appartiennent.

Or, des femmes partout sur la planète ont de la difficulté à trouver informations et soutien pour allaiter comme elles le souhaitent et comme elles l’ont choisi. Des mères connaissent toutes sortes de difficultés avec cet allaitement et sont mal épaulées pour les surmonter. Il serait dommage qu’une seule étude – et sa couverture médiatique- vienne semer en elles le doute sur ce choix qu’elles ont fait de nourrir leurs enfants au sein.

Pour en savoir plus

Is Breast Milk Really Best

Reports on breastfeeding sibling study are vastly overstated

Have we been overstating the benefits of breastfeeding

Did US researchers really find breastfeeding to be ineffective?